Rétrospective #10 : La prison après un match de foot au Burundi – La France promet de restituer les œuvres d’art africaines
Cette semaine dans l’actualité africaine, on apprend l’arrestation au Burundi des deux organisateurs d’un match de football au auquel a prit part le Président de la République. Pendant ce temps, Emmanuel Macron nomme deux experts pour engager les travaux de restitution des œuvres d’art africaines.
Burundi : 2 hommes organisateurs d’un match de football entre le club de Kiremba et Alléluia FC, l’équipe de Pierre Nkurunziza, ont été écroués le 1er mars dernier. Il leur est reproché d’avoir aligné des réfugiés congolais du camp de Musasa, à Kiremba, qui auraient « fortement rudoyé » le Président de la République qui jouait aussi, ce qui équivaut à un « complot contre le chef de l’Etat ». La rencontre se tenait le 1er février 2018.
Nigeria : L’ouverture du procès contre les sociétés Eni et Shell, prévue ce lundi 5 mars à Milan en Italie, a été renvoyée au 14 mai 2018. En cause, une surcharge de travail de la 10e section pénale. Dans le box des accusés, les premiers responsables des groupes italien et anglo-néerlandais, ainsi que l’ex-ministre nigérian du Pétrole, Dan Etete. La justice italienne soupçonne le versement de pots-de-vin lors de l’attribution, en 2011 au Nigeria, d’une licence pour l’exploration du bloc pétrolier OPL-245 pour 1,3 milliard de dollars. Les deux sociétés nient toute corruption.
3 personnes ont été tuées à Maiduguri dans un attentat-suicide dans la nuit de lundi à mardi. « L’attaque s’est produite à 20H20 (19H20 GMT) au milieu d’un groupe de résidents. Il n’y a aucun doute que cette attaque porte la signature des terroristes de Boko Haram », a déclaré un responsable de la milice civile qui aide les forces armées à combattre le groupe islamiste. L’attentat-suicide aurait été mené par un homme à bicyclette.
Burkina Faso : L’enquête ouverte suite à l’attaque sur Ouagadougou le vendredi 2 mars dernier révèle des complicités au sein de l’armée burkinabé. Un ancien soldat renvoyé de l’armée après une mutinerie en 2011, y a participé. Le groupe islamiste Jama Nusrat Ul-Islam wa Al-Muslimin (GSIM ), lié Al-Qaïda basé au Mali, a revendiqué l’attaque et dit avoir agi « en réponse à la mort de plusieurs de ses dirigeants dans un raid de l’armée française dans le nord du Mali il y a deux semaines ». Les victimes de cette tragédie ont été enterrées le mercredi 8 mars au cimetière municipal de Gounghin à Ouagadougou, où a été enterré le corps de Thomas Sankara.
Sierra Leone : Les premières élections présidentielle et législatives post-Ebola ont eu lieu le mercredi 7 mars. Ils étaient environ 3,1 millions d’électeurs appelés à choisir, parmi 16 candidats dont deux femmes, le successeur du président Ernest Bai Koroma qui ne s’est plus présenté après ses deux mandats légitimes au pouvoir, mais aussi élire 132 députés. Les résultats sont toujours attendus.
Arabie Saoudite-Egypte : Un fonds commun de 10 milliards de dollars a été créé pour développer une mégaville de plus de 1000 km2 dans le sud du Sinaï. Un accord a été signé dans ce sens, en marge de la visite de deux jours en Egypte entamée dimanche 4 mars par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Une partie du fonds servirait à compenser le déclin attendu des revenus pétroliers au pays des pharaons. Le projet intitulé Neom s‘étendra sur trois pays : l’Arabie Saoudite, l’Egypte et la Jordanie.
France-Afrique : Macron a nommé, lundi 5 mars, deux experts pour la restitution du patrimoine africain. Il s’agit de l’historienne française Bénédicte Savoy et de l’écrivain sénégalais Felwine Sarr. Leur mission, étudier la restitution à des pays africains, d’œuvres d’art actuellement en France, comme s’y était engagé le Président français dans son discours de Ouagadougou fin novembre 2017. Ils ont jusqu’à novembre prochain pour donner leur avis.
Afrique : Le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson est en tournée sur le continent depuis le mercredi 7 mars. Cette visite débutée par l’Ethiopie, l’a conduit vendredi à Djibouti puis au Kenya – il a annulé pour cette étape son programme de samedi parce que souffrant. Il doit rallier le Tchad lundi et le Nigeria le lendemain. Au centre de cette tournée, la lutte contre le terrorisme, la bonne gouvernance et le développement, l’Administration Trump convaincue que « l’Afrique est l’avenir ». Cette visite se place aussi dans le contexte de la percée de la Chine sur le continent. Sur la polémique « pays de merde », lors d’une conférence de presse commune à Addis-Abeba avec le chef de la diplomatie américaine, le Président de la Commission de l’Union Africaine Moussa Faki Mahamat a déclaré l’incident clos.
Togo : La Coalition de l’opposition s’est rendue à Accra le mardi 6 mars, à l’invitation du Président ghanéen et Facilitateur dans la résolution de la crise politique. Ce déplacement de la capitale ghanéenne s’inscrit dans le cadre des consultations bilatérales initiées par Nana Akufo-Addo pour dénouer la crise et le dialogue bloqué depuis le 23 février autour des mesures d’apaisement et de la volonté du Chef de l’Etat Faure Gnassingbé de briguer un 4e mandat au pouvoir.
Iles Maurice : La Présidente Ameenah Gurib-Fakim va démissionner, a annoncé vendredi à la presse le Premier ministre Pravind Jugnauth. Engluée dans un scandale financier, elle va rendre le tablier après les cérémonies du 50e anniversaire de l’indépendance, le mercredi 12 mars. Il lui est reproché d’avoir dépensé plusieurs centaines de milliers de roupies pour des achats personnels avec une carte de crédit offerte par Planet Earth Institute, la fondation de l’homme d’affaires angolais controversé Álvaro Sobrinho. Les fonds étaient destinés à offrir des bourses aux étudiants nécessiteux.
Kenya : Le Président Uhuru Kenyatta et son opposant principal Raila Odinga, ennemis (sic) hier, ont décidé de s’unir « pour le Kenya ». Les deux hommes ont annoncé vendredi, au terme d’une rencontre, vouloir travailler à la réunification du pays. « Mon frère et moi sommes ici aujourd’hui pour dire que les dissensions doivent stopper. Nous refusons que nos différences tuent notre nation », a déclaré à la presse Raila Odinga qui, un mois plus tôt, rassemblait des milliers de partisans dans le centre de Nairobi pour prêter serment en tant que « président du peuple du Kenya ». Cette réconciliation intervient un peu avant l’arrivée du Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson dans le pays. Un geste salué justement par l’hôte américain au cours d’une conférence de presse à Nairobi : « C’est un pas très positif à notre avis (…) aujourd’hui, ces deux hommes ont fait preuve d’un grand leadership en concluant l’accord qu’ils ont signé aujourd’hui ».
RDC : Au moins 5 personnes sont mortes vendredi dans des combats à Béni dans le village Mopobu, dans l’Est du pays. Il s’agit de 3 rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF) et de 2 miliciens congolais tués par l’armée congolaise. La veille, près d’Eringeti, l’armée congolaise a détruit un camp de miliciens congolais Maï-Maï dans la forêt de Tingbe, tué 2 miliciens et capturé 3 autres.
L’opposition veut constituer un front uni derrière Moise Katumbi, dans le cadre de l’élection présidentielle du 23 décembre prochain. Des mouvements d’opposition congolais ont entamé à cet effet, samedi à Johannesburg en Afrique du Sud, des pourparlers avec l’opposant en exil. « Ce qui nous réunit ici, c’est avant tout le rejet de la dictature qui s’est installée dans notre beau pays et la volonté de bâtir un monde meilleur pour nos compatriotes », a déclaré Katumbi, et d’ajouter que ces trois jours de réflexion devraient permettre de « construire l’alternance de demain et montrer au peuple congolais qu’il n’est pas
Côte d’Ivoire : Des cadres du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI) ont demandé à l’ancien Président Henri Konan Bédié de se présenter à la présidentielle de 2020. C’était samedi dernier, au cours d’un hommage national à lui rendu à Yamoussoukro devant 10 000 militants. Ces cadres le considèrent comme « le meilleur militant actif » et lui demandent d’être « disponible aux sollicitations des Ivoiriens pour gouverner la Côte d’Ivoire dans la paix, la cohésion, la stabilité et la prospérité ». Agé aujourd’hui de 83 ans, Bédié avait déjà dirigé le pays de 1993 à 1999, renversé par un coup d’Etat.
— Etienne Kostino
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