Rétrospective #18 – Une nouvelle constitution au Tchad – Les radios BBC et VOA suspendues au Burundi
Cette semaine pendant que le Tchad passe à la IVe République en promulguant sa nouvelle constitution, on apprend qu’au Burundi les radios BBC et VOA sont suspendues pour 6 mois pour avoir porté atteinte à la “réputation du chef de l’état” et avoir tenu de propos “tendancieux”.
Tchad : L’Assemblée nationale a voté, le 30 avril dernier, une nouvelle Constitution, adoptant un « régime présidentiel intégral » et renforçant ainsi les pouvoirs du Président Idriss Deby. Une séance boycottée par l’opposition. Le mandat présidentiel passe de 5 ans renouvelable indéfiniment à 6 ans, renouvelable une fois. Ainsi Déby dont le mandat actuel, le 5e, doit s’achever en août 2021, peut briguer deux nouveaux mandats et rester encore au pouvoir jusqu’en 2033. Par ailleurs, les ministres, nommés par le Président, devront désormais prêter serment devant lui, le gouvernement sera responsable devant l’Assemblée nationale.
Nigeria : Donald Trump a salué lundi le « leadership » du Nigeria dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, en marge d’une visite de Muhammadu Buhari aux Etats-Unis d’Amérique. Le Président américain a félicité son homologue nigérian pour ses efforts dans la lutte contre la corruption et qualifié son pays de « plus grande démocratie d’Afrique ».
La Haute Cour Fédérale d’Abuja a ordonné la saisie temporaire de biens immobiliers de l’ex-première dame, Patience Jonathan, dans le cadre d’une enquête pour corruption. Il s’agit notamment de deux appartements situés dans la capitale fédérale confisqués pour une durée de 45 jours, le temps pour la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) de poursuivre son investigation. Le Parti populaire démocratique (PDP) de l’ancien président dénonce une « chasse aux sorcières » de Muhammadu Buhari contre les opposants politiques.
La ville de Mubi, dans l’Etat d’Adamawa au Nord-Est a été frappée mardi par un double attentat suicide visant une mosquée et un marché. Œuvre de la secte islamiste Boko Haram. Le bilan fait état de plusieurs dizaines de morts et de blessés. Pendant que les autorités locales et des structures officielles évoquent des chiffres de 24 et 30, des sources proches des populations parlent plutôt de 86 morts.
Gabon : La Cour constitutionnelle a dissous, le lundi 30 avril, l’Assemblée nationale et confié ses pouvoirs au Sénat. Elle a par ailleurs ordonné la démission du gouvernement à qui il est reproché de n’avoir pas pu « accomplir les missions qui lui sont dévolues, notamment la révision de la liste électorale depuis 2017 et la mise en place du Centre gabonais des élections depuis janvier 2018 ». Les élections législatives devraient être organisées le 30 avril 2018, après deux reports depuis décembre 2016. Suite à cette sortie de la Cour, le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet a présenté, mardi, la lettre de démission de son gouvernement au chef de l’Etat. Mais il a été reconduit à son poste 48 heures plus tard et a formé, vendredi, un nouveau gouvernement de 41 membres dont la mission essentielle est l’organisation des législatives.
Centrafrique : 24 morts et 170 blessés, c’est le triste bilan d’une attaque, mardi à Bangui, d’hommes armés contre une église (Fatima) sise non loin du quartier musulman du PK5. Parmi les victimes, le respecté abbé Albert Tougoumalé-Baba. En réaction, les fidèles s’en sont pris à des fidèles musulmans. Au lendemain des faits, le Président Faustin-Archange Touadéra a dénoncé l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques par des groupes armés. Le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Gutteress a appelé, jeudi, au clame, mais aussi exhorté les autorités du pays à « traduire rapidement les responsables en justice ».
Kenya : Plus de 100 personnes ont péri dans les inondations enregistrées au cours du mois d’avril, rapporte le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Ils sont par ailleurs plus de 200 000 Kényans à avoir été déplacés. Le CICR exhorte le gouvernement à prendre des mesures conséquentes pour prévenir ces catastrophes et mobiliser les ressources nécessaires pour aider les personnes touchées.
Libye : Le siège de la Haute Commission électorale à Tripoli a été l’objet, mercredi, d’une attaque-suicide revendiquée par l’organisation Etat islamique (EI). Le bilan est de 14 morts. Le gouvernement a néanmoins réaffirmé son « engagement à respecter le processus démocratique pour la tenue des élections afin de mener la Libye à bon port ». L’attaque a été condamnée par l’ONU, l’Union européenne, la France, les Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, qui ont renouvelé l’espoir de la tenue d’élections en Libye pour sortir le pays du chaos.
RDC : Au terme de sa visite de 48 heures dans le pays, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda a « demandé aux autorités congolaises de prendre toutes les mesures nécessaires pour que des enquêtes véritables soient menées afin de faire la lumière sur les violences alléguées et de traduire en justice tous les acteurs impliqués dans leur perpétration ». Parmi les grands dossiers, celui de la mort de deux experts de l’ONU en mars 2017 dans la province du Kasaï (l’ONU fustige une ingérence du pouvoir en place dans les enquêtes) et des 16 personnes dans la répression des manifestations anti-Kabila initiées par des laïcs catholiques pour revendiquer l’application de l’accord du 31 décembre 2016 sur l’organisation des élections et le départ du Président dont le deuxième et dernier mandat a expiré depuis novembre 2016.
Togo : Le gouvernement s’estime « pas concerné » par l’affaire Vincent Bolloré, le PDG du Groupe Bolloré mis en examen pour corruption présumée dans une enquête sur les conditions d’attribution de concessions portuaires en Guinée et au Togo. « L’Etat togolais n’a aucun élément fiable du dossier qui est en cours en France. Nous n’avons pas à prendre d’engagement particulier, nous n’avons pas à donner d’assurance quelconque, parce que nous ne nous sentons pas concernés », a déclaré jeudi Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, balayant du revers de la main les accusations.
Mozambique : Le Chef historique de l’opposition, Afonso Dhlakama est décédé, jeudi, à l’âge de 65 ans, des suites d’une crise cardiaque. Né dans la province centrale de Sofala en 1953, l’homme a dirigé pendant 39 ans la Renamo, Résistance nationale mozambicaine, une rébellion qui a combattu le parti au pouvoir, jusqu’à la fin de la guerre civile mozambicaine en 1992, avant de devenir un parti d’opposition. Le décès d’Afonso Dhlakama intervient à un moment où en tant que chef de l’opposition, il était en pourparlers de paix avec le Président Filipe Nyusi, et plonge le pays dans l’incertitude. C’est Ossufo Momade qui est désigné comme Coordinateur du travail de la commission politique nationale de la Renamo pour assurer l’intérim à la tête du Mouvement politique.
Madagascar : La Haute cour constitutionnelle a annulé, vendredi, une partie des lois électorales adoptées récemment et qui sont l’objet de contestation depuis plusieurs semaines. Les membres ont jugé « non conformes » à la Constitution plusieurs dispositions. La Haute cour a également corrigé certains article en « extirpant » plusieurs dispositions dont le raccourcissement de la durée de la campagne électorale du second tour de 15 jours à 7 jours ou encore la possibilité de recourir à des bulletins de vote uniques. L’opposition ne désarme pas pour autant et exige la démission du Chef de l’Etat Hery Rajaonarimampianina.
Burundi : Le gouvernement suspend les signaux FM des chaines radios BBC et VOA pour six mois à compter de lundi 7 mai. A en croire le pouvoir de Bujumbura, la BBC est sanctionnée pour des propos « portant même atteinte à la réputation du chef de l’Etat » tenus par un invité dans l’une de ses émissions. Il est reproché à la VOA, elle, d’avoir diffusé des informations « très tendancieuses » et engagé un journaliste « recherché par la justice burundaise ». RFI est aussi dans le viseur, elle a reçu « une mise en garde ».
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Etienne Kostino
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