La montée des sentiments anti-français en Afrique francophone : enjeux politiques et sociaux

Depuis plusieurs années, un sentiment croissant d’hostilité envers la France se manifeste dans plusieurs pays d’Afrique francophone. Ce phénomène, alimenté par des perceptions de néocolonialisme, des interventions militaires controversées et des relations économiques jugées inéquitables, a des répercussions politiques et sociales significatives sur le continent.


Historique des relations franco-africaines

Les liens entre la France et ses anciennes colonies africaines sont profondément enracinés dans l’histoire coloniale. Après les indépendances des années 1960, la France a maintenu une influence notable à travers des accords de coopération, des interventions militaires et des relations économiques étroites, souvent qualifiées de « Françafrique ». Cette relation, perçue par certains comme paternaliste, a suscité des critiques croissantes au fil des décennies.

Manifestations récentes du sentiment anti-français

Des manifestations anti-françaises ont éclaté dans plusieurs pays africains, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Ces mouvements dénoncent la présence militaire française, accusée de ne pas avoir réussi à endiguer l’insécurité liée au terrorisme, et critiquent les accords économiques jugés défavorables aux intérêts locaux. En janvier 2020, des milliers de personnes ont manifesté à Bamako, au Mali, exigeant le départ des troupes françaises.

Implications politiques

Ce sentiment anti-français a des répercussions politiques majeures. Des partis et des leaders politiques exploitent cette rhétorique pour gagner en popularité, remettant en question les alliances traditionnelles avec la France. Au Mali, par exemple, le gouvernement de transition a sollicité l’aide de la Russie, marquant un pivot géopolitique significatif. Cette dynamique reflète une volonté croissante de certains pays africains de diversifier leurs partenariats internationaux et de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale.

Conséquences sociales

Sur le plan social, le sentiment anti-français alimente un nationalisme accru et une réévaluation de l’identité post-coloniale. Les populations, en particulier les jeunes, expriment un désir d’émancipation et de souveraineté, rejetant les influences perçues comme néocoloniales. Cette prise de conscience se traduit par une valorisation des langues locales, des cultures autochtones et une critique des élites perçues comme complices des intérêts étrangers.

Réactions de la France

Face à cette hostilité croissante, la France a tenté de réajuster sa politique africaine. Le président Emmanuel Macron a reconnu la nécessité de repenser les relations franco-africaines, en mettant l’accent sur un partenariat d’égal à égal et en réduisant la présence militaire française dans certaines régions. Cependant, ces efforts peinent à dissiper les ressentiments profondément ancrés.

Perspectives d’avenir

La montée du sentiment anti-français en Afrique francophone souligne la nécessité d’une redéfinition des relations entre la France et ses anciennes colonies. Pour apaiser les tensions, il est essentiel de promouvoir des partenariats basés sur le respect mutuel, la transparence et des avantages réciproques. Les pays africains, de leur côté, cherchent à affirmer leur souveraineté et à diversifier leurs alliances, reflétant une maturité politique croissante et une volonté de prendre en main leur destin.


Le sentiment anti-français en Afrique francophone est un phénomène complexe aux implications politiques et sociales profondes. Il reflète les défis persistants de la décolonisation et la quête continue des nations africaines pour une véritable indépendance et une reconnaissance sur la scène internationale.